MUSIQUE REUNIONNAISE
Petit historique de la musique réunionnaise
Découverte au XVIe siècle par des explorateurs portugais au large des côtes d'Afrique, dans l'archipel des Mascareignes*, l'île de la Réunion reste longtemps inhabitée.
Cette petite île volcanique d'accès difficile intéresse peu, et lorsque la France en prend possession au XVIIe siècle elle sert d'exil pour les mutins ou d'escale aux navires en mal de ravitaillement sur la Route des Indes.
Après quelques tentatives de peuplement infructueuses menées depuis Madagascar, la Compagnie des Indes* effectue dans les années 1660 le premier transport de colons depuis la France et l'Europe (Hollandais, Anglais, Flamands,…), bientôt suivis d'esclaves arrachés à Madagascar et à l'Afrique de l'Est pour faire prospérer les plantations de café, d'épices, ou de canne à sucre.
Ces esclaves africains et malgaches, bien qu'arrivés sans instruments, perpétuent les rythmes traditionnels de leurs terres natales tandis que les européens pratiquent les danses de bal et de salon en vogue à l'époque : gavottes, rondeaux et contredanses au XVIIe siècle, puis valses, polkas, quadrilles* à partir du XVIIIe siècle.
En 1848, l'abolition de l'esclavage entraîne une pénurie de main d'oeuvre et les anciens esclaves sont remplacés par des travailleurs appelés «engagés» - dont le sort n'est guère plus enviable -, recrutés principalement sur les côtes africaines, malgaches et chez les indiens Tamoul.
L'histoire douloureuse du peuplement de la Réunion, faite de migrations et de colonisation, a enfanté une population métissée de toutes sortes d'ethnies et de cultures (africains, malgaches, tamouls hindouistes, indiens musulmans, chinois bouddhistes…) qui vivent en harmonie au son des musiques traditionnelles réunionnaises venues directement de l'esclavage, le Séga et le Maloya.
Le Séga, aussi appelé danse des Cafres*, ou danse des Noirs, nait au XVIIIe siècle dans les plantations, fusion dans un premier temps de la danse Shéga du Mozambique - proche du fandango – et des rythmes malgaches. Plus tard, au contact des européens, les musiciens Noirs donneront une version créolisée des danses de bal avec le séga-quadrille. Le séga évolue au XXe siècle, avec la mutation de la société réunionnaise, en une musique urbaine, européanisée, se diluant parfois dans la chanson de variété.
Le Maloya - souvent qualifié de blues réunionnais - est davantage fidèle aux chants des esclaves dont il est directement issu. C'est une musique profane et sacrée, authentique et mélancolique, de type ternaire, jouée sur des instruments traditionnels (Bobre*, kayamb*, roulèr*,…). Les complaintes en créole parlent du quotidien sous une forme poétique et rendent hommage aux ancêtres tandis que la danse, lascive, évoque la possession. Jugé trop subversif par les autorités françaises, le Maloya sera contraint à la clandestinité après la départementalisation de la Réunion en 1946 et jusqu'aux années 70.
Depuis les années 80, des interprètes comme Lindigo, Ousanousava, Patrick Persée, Christine Salem, Davy Sicard ou encore Ziskakan lient tradition et modernité en s'ouvrant au monde et aux autres musiques (rock, reggae, dub,...) sans négliger l'héritage transmis par Granmoun Lélé, Firmin Viry, ou Lo Rwa Kaf.