Dossiers thématiques et Filmographies
TOILES DE MER
La mer : décor et personnage
Explorer, voyager, voguer pour le plaisir, autant de raisons de vouloir prendre le large.
Sur les thèmes croisés de la mer et des bateaux, la filmographie est immense. La mer, espace familier et inconnu à la fois, réservoir inépuisable de scénarios, offre une gamme infinie de décors vivants et dynamiques. L'univers maritime renvoie à l'image de la nature dans ce qu'elle peut avoir de plus démesuré, sauvage, puissant, changeant... C'est donc par excellence l'espace de l'aventure et des possibles : huis clos hitchcockien, espace où la guerre gronde, où coulent des amours tropicales, décors tragiques pour tempêtes au grand large, paradisiaques pour les plages de sable fin, glauques pour l'univers des ports et des docks...
Dès l'invention du cinéma
La photogénie de l'élément marin attire irrésistiblement l'objectif de la caméra et pose la question de rendre toute sa puissance et toutes ses nuances dans le cadre étroit d'un écran. Dès 1895, les Frères Lumière ouvrent cette voie des mers et des océans et seront suivi par de nombreux autres. Méliès, Keaton, Hitchcock évoquent la mer à travers des bateaux qui peuvent revêtir de multiples apparences. John Huston réalise « Moby Dick » en 1956, d'après le roman de H. Melville. John Sturges réalise l'adaptation du « Vieil homme et la mer » d'Hemingway en 1958. Richard Fleischer adapte « 20000 lieues sous les mers » de Jules Verne (1954), grand film d'aventures maritimes et d'exploration subaquatique.
Le navire est un objet éminemment cinématographique, offrant à la fois un cadre de huit clos et de déplacement, de découvertes, d'exploration sans limite... Il écrit l'histoire de l'humanité sans cesse en quête d'un ailleurs, tour à tour luxueux comme ces paquebots d'antan, sordides comme les bateaux d'immigrés, archaïques comme les radeaux de naufragés, inhumains comme les navires de guerre.
Source inépuisable pour les cinéastes
Les cinéastes ont retranscrit l'aventure humaine maritime à travers la mise en images des grandes épopées, sans oublier les histoires et légendes de la flibuste, les évasions exotiques, les naufrages prétextes au dépaysement, aux retrouvailles avec soi-même. Les navigateurs, réels tel Christophe Colomb, mythiques tel Sindbad, comiques tels Buster, Charlot, Laurel et Hardy, se laissent distraire le temps d'une escale par des amours fugaces et des rencontres de hasard, partie intégrante des errances et des vagabondages du matelot.
Il y a aussi ces films, documentaires comme fiction, consacrés aux travailleurs de la mer, ouvriers de l'océan et mineurs des abîmes, humbles et modestes pêcheurs dont les gestes quotidiens tirent des eaux la nourriture des hommes.
Ce qui frappe, c'est l'existence d'une infinie diversité de descriptions de la mer et des bateaux.
La mer n'aura de cesse de nous transporter loin, au-delà des images, au plus profond de l'imaginaire; le cinéma contribuant toujours plus largement à la création d'une symbolique maritime.
Bibliographie
- «Mer et cinéma : Voiles et toiles » / Dominique Auzel, Séquences n°173, juillet-Août 1994, (p.20–23).
- «Sur le port», dirigé par René Prédal, Revue Cinémaction, n°162, 2017
Sites
-http://expositions.bnf.fr/lamer/cabinet/filmo/index.htm
-http://id.erudit.org/iderudit/49840ac