Dossiers thématiques et Filmographies
LA COMEDIE BRITANNIQUE :
FOCUS SUR LES STUDIOS EALING
Pierre angulaire de l'humour made in England, l'histoire des Studios Ealing reste largement méconnue en France.
Edifiés sur un ancien verger de pommiers de la banlieue de Londres en 1930 par Basil Dean, c'est huit ans plus tard, avec l'arrivée de Michael Balcon, que les Studios connaissent leur heure de gloire.
Le studio spécialisé dans les films de propagande durant la Seconde Guerre mondiale connaît l’essentiel de son succès à la fin des hostilités en produisant en rafales des comédies loufoques qui ont contribué à associer systématiquement les termes «britannique» et «excentrique».
Grande vedette du studio, Alec Guinness ancre de manière durable une idée inoxydable du flegme.
La Ealing devient ce qui de toute l'histoire du cinéma britannique ressemblera le plus à un studio selon le modèle hollywoodien classique. Le studio emploie des salariés à plein temps (réalisateurs, scénaristes et techniciens), possède une troupe d'acteurs et affiche des thèmes de prédilection, autant d'éléments qui donnent naissance à un style maison reconnaissable.
Ce n'est qu'avec le Brésilien Alberto Cavalcanti, accompagné de quelques-uns de ses collègues du mouvement documentaire, que s'esquisse, à partir de 1940, un style sans fioriture, teinté de réalisme, couramment qualifié de typique de la Ealing.
Au début de 1945, le studio se démène pour toucher des domaines aussi divers que l'adaptation littéraire, le film à costumes prestigieux, l'aventure exotique et même l'histoire de fantômes.
« A cor et à cri » (1947) de Charles Crichton inaugure un nouveau type de comédie, et on tourne dans cette veine une dizaine de films marqués par un mélange caractéristique de réalisme petit-bourgeois et de fantaisie débridée qui en fait de véritables comédies Ealing.
Mais les crises financières que connaît le cinéma britannique encouragent Balcon à réfréner les ambitions de la Ealing. Cavalcanti quitte le studio, et la production finit par se limiter essentiellement à deux genres, le drame social réaliste et la comédie.
Avec la vente des studios à la BBC en 1956, Balcon entraîne ses troupes clairsemées au studio MGM de Borehamwood pour y mener dans l'ombre une existence posthume, sous le nom d'Ealing Films. La dernière production sort sur les écrans en 1959.
En 1995, la National Film and Television School (NFTS) rachète les studios.
Cinq années plus tard, les studios changent encore de propriétaires et passent aux mains de nouveaux réalisateurs qui ont à l'esprit de faire revivre le studio et de renouer avec ses succès passés. Depuis lors, le studio recommence à produire des films, parmi lesquels, « L'Importance d'être Constant » (Oliver Parker, 2002) ou « Vaillant, pigeon de combat" ! » (Gary Chapman, 2005).
Fleuron de la culture populaire anglo-saxonne, le ton et l'irrévérence de cette poignée de films ont influencé l'ensemble de la scène comique anglaise, à commencer par les Monty Python, ou des films comme « Un poisson nommé Wanda » (Charles Crichton, 1988).
Sites
http://www.adrc-asso.org/pdf/films_du_repertoire/plaquettes/plaquette_cycle/plaquette_guinness.pdf
Bibliographie
Typiquement british : le cinéma britannique / édité par ED. du Centre Pompidou. Paris - 2000