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Dans un futur proche...
Cinéma de science-fiction et cinéma d'anticipation
Poser les différences
La différence fondamentale entre la Science-Fiction et l’Anticipation en littérature comme au cinéma se trouve dans l’objet même du récit. Dans la Science-Fiction, le facteur scientifique ou technologique joue un rôle central. Le récit s’appuie plus ou moins sur l’innovation, l’invention, l’extrapolation scientifique pour construire la narration.
En Anticipation, la démarche de l’auteur/réalisateur est tournée vers la prospective, elle porte un regard sur l’aspect humain, social, politique, écologique…
Le mélange des genres
Le film d'anticipation est proche du cinéma de science-fiction dans le sens où il élabore une hypothèse de ce que pourrait être le futur. Cependant il représente un genre précis qui peut croiser bien d’autres genres : films noirs, films post-apocalyptiques...
De nombreux films post-apocalyptiques sont ainsi à ranger dans la catégorie de l’Anticipation. Certains n’intègrent même plus d’éléments technologiques ou scientifiques, comme dans La Route (John Hillcoat, 2009) ou encore Les Fils de l’Homme (Cuaron,2006).
La science-fiction au cinéma avance des hypothèses quant à ce qu'aurait pu être le futur, le passé, voire le présent en s'appuyant sur des connaissances actuelles (scientifiques, technologiques, etc.).
Le genre science-fiction peut croiser de nombreux autres genres. Un long-métrage comme Alien de Ridley Scott (1979) peut s’inscrire aussi bien dans le cinéma de science-fiction que dans le cinéma d'horreur.
De même, Jurassic Park (Steven Spielberg, 1993) peut à la fois être classé parmi les films de science-fiction, les films catastrophe, mais aussi parmi les films d'aventure. Même chose pour Independence Day (Roland Emmerich, 1996), à ranger dans la science-fiction et dans le film catastrophe. Une combinaison avec la comédie est parfois possible (la saga Men in Black).
Il est d’autant plus difficile de différencier les deux genres à une époque où l’étendue des savoirs et le progrès galopant brouillent les limites de l’imagination. Pour ce qui est des technologies, la question n’est plus de savoir si c’est possible, mais de savoir quand ce sera réalisé.eu…
Films d’anticipation
L’anticipation du XXe siècle, littéraire d’abord puis cinématographique, critique avec virulence les dérives destructrices du capitalisme et les crimes des totalitarismes. De nombreux écrivains dont H. G. Wells ont prédit une vie future marquée par la guerre mondiale, les épidémies et une humanité réfugiée sous la terre - La guerre des Mondes (Byron Haskin, 1953).
La Grande-Bretagne a donné au genre son chef-d’oeuvre littéraire avec 1984, publié par George Orwell en 1948 et mis à l’écran par Michael Radford (1984). C’est également en Angleterre que sont conçues les plus effrayantes anticipations politiques de l’après-guerre : de Fahrenheit 451 de Truffaut (1966) en passant par Brazil de Terry Gilliam (1985).
La première adaptation connue du grand public remonte à 1902 avec le court métrage intitulé Le Voyage dans la Lune, réalisé par Georges Méliès. Ce dernier s'inspirait du roman De la Terre à la Lune, écrit par Jules Verne en 1865. Dès lors, le genre n'a jamais cessé de se développer.
Le film de science-fiction ne se caractérise pas toujours pas une débauche d'effets spéciaux. En témoignent par exemple des oeuvres intemporelles comme La Jetée (Chris Marker, 1962) ou encore Solaris (Andreï Tarkovski, 1972).
Parmi les standards du genre, l'on peut noter 2001, l'Odyssée de l'espace (Stanley Kubrick, 1968), La Planète des Singes (Franklin Schaffner, 1968),
La Guerre des Etoiles (George Lucas, 1977) ou encore Blade Runner (Ridley Scott, 1982).
Le cinéma d’anticipation propose des visions de l’avenir souvent dystopiques, projections plus ou moins lointaines mais dégradées du monde que nous connaissons déjà. L’anticipation exprime les angoisses les plus sourdes de nos sociétés modernes. La technologie ou la science n’y est qu’accessoire, voire absente.
La science-fiction se projette dans les voyages interstellaires, la psycho-histoire, la machine à remonter le temps, la téléportation, la machine solaire, la cryogénisation, les cyborgs, les aliens… La tradition du space opera, notamment, véhicule majoritairement des valeurs positives et rassurantes.
Cinéma fantastique : Genre cinématographique qui exploite l’irrationnel et le surnaturel. Le cinéma fantastique peut englober plusieurs types de films, dont les films de science-fiction.
Dystopie : Société imaginaire régie par un pouvoir totalitaire ou une idéologie néfaste (Brazil).
Hard-science ou Hard SF : Littéralement, la science dure… l’action se situe dans des mondes présents ou futurs qui ne sont pas en contradiction avec notre présent et nos connaissances (E.T., District 9).
Post-apocalypse : La civilisation humaine telle qu’on la connaît a été détruite, par un virus, des extra-terrestres, une guerre, etc. Les thèmes sont la survie ou la reconstruction d’une société sur de nouvelles bases (the walking dead).
Prospective : science ayant pour objet l’étude des causes techniques, scientifiques, économiques et sociales qui accélèrent l’évolution du monde moderne, et la prévision des situations qui pourraient découler de leurs influences conjuguées. (Le créateur de la prospective est Gaston Berger). (Dictionnaire Larousse).
Space opera : ou Planet-opera. Terme ironique originaire de la littérature, désignant un film de science-fiction qui intègre des situations irréelles, exagérées ou mélodramatiques, à sa trame narrative. Les bases graphiques du space opera: vaisseaux spatiaux, décors extraordinaires, costumes extravagants, combats à l’épée, réminiscences médiévales (Star Wars).
Steampunk ou rétro-futurisme : Il s’agit d’une sous-catégorie de l’uchronie où la société n’a pas suivi le développement technologique qu’on lui connaît et est restée bloquée au stade du XIXe siècle, avec les moteurs à vapeur notamment - d’où le terme anglais Steam = vapeur (La cité des enfants perdus, 20000 lieues sous les mers).
Uchronie : Littéralement “un temps qui n’existe pas”. Soit une version différente de notre présent, basé sur une divergence, parfois infime, dans la chaîne des évènements passés. Soit un passé différent qui n’a pas existé, revisité et imaginant d’autres alternatives historiques (La planète des singes, La jetée).