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DANSE ET CINEMA
La danse fait partie des arts que, très tôt, le cinéma s'est approprié. L'art du mouvement est caractéristique des deux disciplines. Avec l'avènement du cinéma parlant, chansons et danses prennent toute leur place à l'écran.
Fleuron d'Hollywood, la comédie musicale fait son entrée dès les années 30. Le Chanteur de jazz (Alan Crosland, 1927) est le premier film musical de l'histoire du cinéma parlant.
Les années 40-50 sont marquées par les prouesses chorégraphiques, le son des claquettes, les ballets nautiques, époque de Gene Kelly, Fred Astaire, Ginger Rogers, Cyd Charisse... (danseurs de formation avant d'être acteurs). Les comédies musicales font l'éloge de la liberté et de la légèreté.
Les années 60 annoncent le déclin de cet âge d'or. Les danseurs laissent la place aux comédiens à voix. La contestation sociale fait irruption dans le récit. West side story (Robert Wise, 1961), inspirée de Roméo et Juliette est aussi une fresque sociale des quartiers ethniques. La Mélodie du bonheur (Robert Wise, 1965) et Mary Poppins (Robert Stevenson, 1964) dénoncent les actes de guerre.
A partir des années 70, malgré quelques réussites isolées dont La Fièvre du samedi soir (Jonathan Badham, 1977), Grease (Randal Kleiser, 1978) ou Hair ( Milos Forman 1979) le genre tombe en désuétude. Dirty dancing (Emile Ardolino, 1978), Flashdance (Adrian Lyne, 1983) resteront cependant de grands succès populaires.
En France, la comédie musicale est peu représentée. c'est Jacques Demy avec Les Demoiselles de Rochefort (1967) qui a donné son empreinte au film musical français.
Bollywood s'en est également emparé en y apportant ses propres codes, influencés par les anciens textes épiques, le folklore, la comédie musicale américaine et les clips vidéos.
Quand les grands réalisateurs s'emparent de la danse, ils s'interrogent sur la façon de filmer sans mettre en concurrence les deux disciplines. L'espace scénique, les fonctions narratives des corps en mouvement ou des déplacement des caméras, les rythmes posés par la musique, le scénario, le réalisateur, cohabitent dans un juste équilibre.
Dans Dancer in the Dark (2000), Lars Von Trier positionne une centaine de caméras autour du plateau pour capter le moindre détail des numéros de Björk. Le plateau se transforme en une immense salle de spectacle dont les caméras sont les spectateurs.
Les documentaristes se sont intéressés à la danse au travers de portraits de compagnies, de danseurs, de chorégraphes classiques ou contemporains. Frederick Wiseman pionnier du cinéma documentaire a installé sa caméra dans les salles de répétition de l'American Ballet Theater ou de l'Opéra de Paris. Les corps en souffrance, la discipline, l'âpreté du processus créatif, le quotidien sont montrés au plus près, créant une intimité avec le spectateur et donnant par la même les codes d'un univers qui peut parfois paraître élitiste. Dans Anna Halprin : le souffle de la danse (Ruedi Gerber, 2010), Mr. gaga (Tomer Heymann, 2015) les réalisateurs donnent à leurs films toute la mesure de ce qu'est la danse contemporaine sans manquer d'y insuffler la grâce et l'énergie qui s'en dégage.