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L'AUTRE CINÉMA D'ANIMATION
Depuis près de 20 ans, fleurissent des longs métrages d’animation dont les héros ne sont ni des princesses aux longs cheveux, ni des ogres verts mais des humains ordinaires au destin parfois extraordinaire. Des films d'animation plus sombres et parfois violents qui s’adressent à un public adulte, loin des canons de l'univers Walt Disney.
Jusqu’à la fin des années 80, les productions tant européennes qu’américaines étaient principalement tournées vers un jeune public. Les années 90 ont vu l’avènement d’une nouvelle vague de séries télé animées plus matures et porte-paroles d’une critique sociale comme Les Simpson ou South Park. A partir de 1995, l'apparition des films en images de synthèse qui rencontrent un succès immédiat, modifie les codes esthétiques et narratifs. Citant allègrement des éléments de la culture populaire, l'animation touche tous les publics. Elle est devenue omniprésente, et les enfants des années 70 et 80, aujourd’hui adultes, ont grandi avec elle.
L'image réparatrice
En France et ailleurs, il existe une production de films d'animation "pour adultes" se rapprochant du documentaire animé et utilisant l'animation comme médium de la transmission de la mémoire.
Marjane Satrapi signe en 2007 avec Vincent Paronnaud l’adaptation de sa bande dessinée éponyme Persepolis. Elle y fait le récit tragiquement drôle de son enfance dans l’Iran des années 80 avec ce que le pays compte de bouleversements politiques, de changements idéologiques et de révoltes populaires. D'autres films d’animation se sont attachés à décrire la guerre.
C'est le cas avec Valse avec Bachir (Ari Folman, 2008), un film autobiographique qui aborde le travail de la mémoire traumatique, celle d’un israélien traumatisé par l’expérience douloureuse de la guerre du Liban au début des années 80. L'action de Cafard (Jan Bultheel, 2015) se situe à la veille de la première guerre mondiale. Le lutteur belge Jean Mordant, au sommet de sa carrière, apprend lors d’une de ses compétitions que sa fille a été violée par des Allemands. Il jure de la venger et s’engage dans l’armée belge contre les Allemands. Dans ce film, aucun détail n’est épargné au spectateur ni les combats sanglants ni les suicides ni les corps livides.
Quand le trait se libère
D’un point de vue graphique et esthétique, on assiste à une grande prise de liberté dans le dessin : des traits plus libres, des lignes ininterrompues, une peinture diluée ou des effets d'aquarelle laissant apparaître le grain du papier. La Jeune fille sans mains (Sébastien Laudenbach, 2016) fait l'économie parfois extrême du dessin. Les cernes sont absents, un jet de peinture suffit à suggérer la forme et le mouvement des personnages ou du paysage. Pourtant, ce conte des frères Grimm est présenté dans sa version originale la plus crue, la jeune fille promise au diable renonce à ce qu’elle possède de plus pur : ses mains.
Le miroir de l'existence
Le film d’animation peut aussi permettre de dire l’angoisse, la folie du monde de l’adulte, les crises, ou les doutes. Anomalisa (Charlie Kaufman, Duke Johnson, 2015) est une nouvelle en stop motion* dans laquelle le héros Michael Stone, dont la réussite et le succès ne sont plus à faire, est désespéré par la banalité de sa vie. La Tortue rouge (Michael Dudok de Wit, 2016) débute par une tempête en mer et le naufrage d’un homme qui s'échoue sur une île déserte. Le film, à la fois conte philosophique et récit d'aventure raconte les grandes étapes de la vie. La simplicité du trait figuratif, l’économie de détails, l'absence des dialogues hormis des cris ou des respirations, le souffle du vent ou le ressac de la mer, font de ce film un bijou d’onirisme et de poésie.
Sites
Le film d'animation ou l'ascension du dessin animé pour adulte
https://laculturedelecran.com/film-danimation-lascension-dessin-anime-adulte/
Le documentaire animé
https://www.film-documentaire-ecrits.fr/traverses1-documentaireanime
Lexique
Stop Motion : technique d'animation qui consiste à filmer vue par vue, image par image.