L'émotion de la découverte : les documentaires scientifiques
« Si j'ai une certitude, c'est bien celle que toute ignorance est une limitation, alors que toute connaissance est une libération. »
Jean DAUSSET, pionnier de la recherche française en immuno-hématologie, prix Nobel de médecine en 1980.
Faciliter l'accès à une information scientifique de qualité
La Fête de la Science est un événement national organisé par Le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation qui a pour but de promouvoir la science auprès du grand public, valoriser le travail de la communauté scientifique, permettre à chacun de mieux s'approprier les enjeux des évolutions scientifiques, stimuler chez les jeunes la curiosité et l'intérêt pour la science.
Science et chercheurs, une aventure humaine
Il aura fallu près de 3000 physiciens du monde entier et plusieurs décennies pour résoudre l'un des plus grands mystères de l'univers : l'apparition de la matière. Cette extraordinaire aventure collective est l'occasion de se pencher sur ces hommes méconnus, les chercheurs, dont il est difficile de bien cerner le métier, car les domaines de recherche sont multiples, et par conséquent les pratiques très différentes.
Les portraits de grandes figures telles que Hubert Reeves (Hubert Reeves : conteur d’étoiles, 2003) ou encore les jeunes physiciens de Paris VII observés un an durant par les documentaristes Etienne Chaillou et Mathias Théry (Cherche toujours, 2008), montrent que la recherche scientifique s'apparente à la création artistique par bien des aspects, tant elle demande d'imagination, d'enthousiasme et de fantaisie. Le film de Catherine Fol (Ceci n’est pas Einstein, 2003) sur la pensée philosophique et humaniste du père de la théorie de la relativité confirme/renforce ce point de vue.
Le succès de films scientifiques tels que «Microcosmos» (Claude Nuridsany, Marie Pérennou, 1997) ou « l’Odyssée de l’espèce » (Jacques Malaterre, 2017) fait de la science une source d’inspiration pour le cinéma de fiction.
Depuis une dizaine d’années, les biopics* sur les grands noms de la science se sont multipliés à l’instar des films « Une merveilleuse histoire du temps » (James Marsh, 2014) qui fait le récit de la vie de l’astrophysicien Stephen Hawking. Ou du film « Un homme d’exception » (Ron Howard, 2001). Plus récemment la vie de Marie Curie dans le film français « Radioactive » (Marjane Satrapi, 2020). Même si l’exactitude scientifique n’est pas toujours au rendez-vous, ces films ont le mérite de mettre en valeur des découvertes, des hommes ou des femmes qui ont marqué les sciences ; tout comme ceux longtemps restés dans l’oubli à l’instar du film « Les figures de l’ombre » (Theodore Melfi, 2017) qui retrace le destin des trois scientifiques afro-américaines qui ont permis aux Etats-Unis de prendre la tête de la conquête spatiale.
Les origines du cinéma scientifique : capturer le mouvement et le temps
Lorsque le biologiste Jean Painlevé présente, en 1928, son premier film devant l’Académie des sciences, le cinéma est alors considéré comme une attraction foraine éloignée des rigoureuses préoccupations de la science. Pourtant bien avant la première projection du cinématographe en 1895 (« La sortie des usines », les Frères Lumière), ce sont des expériences scientifiques qui vont donner naissance aux premières séquences de prises de vues réelles animées. Etienne-Jules Marey, physiologiste français étudie le mouvement et prétend qu’au cours d’un galop, les quatre jambes du cheval décollent du sol. Les dessins de Marey ne convainquent pas. Le photographe Eadweard Muybridge valide la théorie de Marey en 1872, en recomposant le mouvement du cheval au galop dans une série de 24 clichés photographiques.
Dès lors, des scientifiques du monde entier vont se passionner pour l’usage et le perfectionnement d’appareils permettant de capturer le mouvement, de décomposer celui-ci pour mieux l’analyser. La naissance du cinématographe des frères Lumière doit beaucoup à ces précurseurs, pour qui le cinéma va constituer un formidable outil d’observation et d’expérimentation. De fait, les cinéastes scientifiques, ou les scientifiques cinéastes n’ont cessé de développer des techniques de prises de vues permettant d’approcher le vivant et de jouer avec le temps par l’accélération ou le ralenti des images afin de montrer ce que l’œil humain ne peut voir…
En 1922, Robert Flaherty dans «Nanouk» introduit à l’approche scientifique et anthropologique un fil narratif et une dramaturgie.
La mise en scène du réel évolue avec le temps : du documentaire scientifique pur aux long-métrages de fiction qui mettent en scène la science en passant par le docu-fiction*, l’enjeu est de donner à voir une partie du réel, susciter l’intérêt, la controverse, la recherche individuelle d’informations scientifiques.
La science à la portée des enfants
Grand classique de la série documentaire, « C’est pas sorcier » (De 7 à 14 ans) a donné le La aux programmes de vulgarisation scientifique pour enfants.
Autre incontournable, « Il était une fois… la vie … l’Homme, l’Espace, les Découvreurs, les Explorateurs, notre Terre, les Amériques… » est une série animée qui fait référence (dès 9 ans). Si la diffusion de ces émissions de télévision a cessé dans les années 2010, elles restent des valeurs sûres.
Plus récemment, de nouvelles séries documentaires d’animation ont émergé. Ainsi que son nom l’indique, la collection de courts-métrages « Une minute de science, s.v.p. ! » explique en une minute différents phénomènes et découvertes scientifiques.
Dans « Tu mourras moins bête » (8-10 ans et bien plus), on retrouve le professeur moustache et son assistant Nathanaël qui vulgarisent la science au quotidien. D’une durée de 3 minutes, chaque épisode de cette série animée est traité avec beaucoup d’humour.
Les documentaires scientifiques (séries documentaires ou non) s’adressent généralement aux plus grands, cependant il existe de vraies pépites à destination des plus jeunes, voire des tout petits. « Bonjour le monde » (Anne-Lise Koehler, 2020) réalisé en stop-motion*, dans de superbes décors, sensibilise les petits à la préservation de la nature et à l'équilibre des écosystèmes de nos campagnes (4 ans et +).
“Petit Malabar”, série tirée des albums éponymes (par l’astrophysicien Jean Duprat et l’illustratrice Nelly Blumenthal) invite les plus jeunes à découvrir les secrets du système solaire (+ 3 ans).
De nombreux films d’animation pour la jeunesse s’intéressent à l’écologie. De « L’homme qui plantait des arbres » de Frédéric Back à l’œuvre entière de Miyazaki, la transformation de la nature et ses conséquences est un sujet qui inspire les réalisateurs contemporains qui s’adressent aux jeunes publics. Une façon, sans doute, d’éveiller les jeunes consciences en pensant aux adultes de demain…
PETIT LEXIQUE :
* Biopic (de l’anglais biographical pictures) : Oeuvre de fiction centrée sur la vie d’un personnage réel qu’elle retranscrit avec plus ou moins de véracité historique.
* Docu-fiction : Genre cinématographique, télévisuel ou radiophonique qui mélange le documentaire et la fiction. Il s’agit d’un documentaire contenant des éléments de narration propres à la fiction. Il est adopté par un nombre croissant de cinéastes. Le terme docufiction apparaît au début du 21e siècle.
* Stop-motion : Technique d’enregistrement utilisée dans le cinéma d’animation, qui consiste à mettre en mouvement une série d’images fixes par le déplacement imperceptible, à chaque prise de vues, des objets ou des personnages présents dans la scène
POUR ALLER PLUS LOIN :
https://www.fetedelascience.fr/
https://leblob.fr/ Magazine vidéo augmenté / La cité des sciences et de l’industrie, Le palais de la découverte.
La science au cinéma, prétexte didactique ou simple élément du décor ? (franceculture.fr)